Après deux mois de préparation et d’attente, c’est avec impatience que je boucle mes affaires jeudi soir pour le Beaufortain. C’est déjà ma troisième participation à l’UTB, et ce, malgré cette phrase que l’on a déjà tous eu en tête à une arrivée après une course éprouvante : « c’était la dernière fois… !». Mais cette fois, je suis accompagné de mon coach, mon épouse, Cécile. Elle, aussi, sera engagée sur la course, mais en tant qu’infirmière sur un poste de secours.
Nous partons très tôt, car en voiture, Paris-Queige, c’est tout de même près de 7h00 de route et nous avons rendez-vous avec Laurence CARON sur le stand UGLOW. En arrivant, la chaleur est écrasante à Queige, s’il faut composer avec ce soleil demain, cela promet d’être très difficile. Avec Cécile, nous aidons Laurence à organiser le stand UGLOW. Beaucoup de coureurs viennent voir les produits, attirés par les couleurs des vestes. C’est pour moi l’occasion d’échanger et de partager mon expérience avec d’autres coureurs. Puis, il est déjà l’heure du briefing de course et des conseils de sécurité, car l’orage de montagne menace ! À l’issue, je me prépare pour ma « Pasta Party », mais avec des pâtes sans gluten (et un peu de beaufort !).
Vérification des sacs, et il est déjà l’heure d’aller se coucher.
Bip-Bip-Bip-Bip… 2H30… Hou… petit déjeuner, céréales sans gluten et barres au quinoa-banane. J’ai bon appétit, c’est déjà cà ! Je mets ma tenue de gala…Frontale en marche, nous nous dirigeons vers la ligne de départ. Cécile m’accompagne, mais je la reverrais qu’à mi-parcours à son poste de secours du Roc au Vent. J’essaye de me placer assez près de la ligne de départ. L’atmosphère, malgré l’heure matinale, est déjà très lourde, voir électrique.
4H00, les fumigènes nous enveloppent de leur lueur rouge. J’essaye tout de suite de me glisser parmi le premier groupe de coureurs, car je sais qu’il sera très difficile de remonter des concurrents par la suite dans l’ascension de la Roche Pourrie avec ses 1500 m de D+ sur 8km. Cette première montée se fait dans le calme et le silence de la nuit, l’on entend juste les souffles court et le bruit des bâtons au sol. Je ne résiste pas au plaisir de me retourner et d’observer la longue procession de lucioles à l’assaut de la pente.
Nous arrivons au Col des Lacs à 2200m, au 13eme Km en 2h05, je suis 15eme, mais je compte déjà 10 minutes de retard. La vue sur Albertville de nuit est splendide. Nous arrivons très vite au 1er ravitaillement, sur le domaine skiable du Planay, au refuge des Arolles. Je remplis rapidement mes deux bidons et prend une barre au quinoa-banane. Je ne veux surtout pas laisser partir mon petit groupe (je suis en compagnie de David Uliana et Robin Goutallier). Nous repartons donc aussitôt vers les pistes de skis des Bonnets Rouges à Arêches, où nous plongeons rapidement, par un sentier très technique et très gras en sous bois vers le Lac de St Guérin et sa passerelle. C’est à ce moment là, que j’ai le plaisir de courir un peu avec Francois FAIVRE, très concentré qui ira chercher la 3eme place.
Nous entamons la montée vers les Cormets d’Arêches, 600m de D+, qui nous mènera au 2nd ravitaillement par une piste de 4X4, où j’arrive à courir sur le faux plat. Je me sens bien, les jambes sont là ! Et je profite du moment en admirant les paysages grandioses sous le soleil. Je sais que nous allons rentrer dans une phase beaucoup plus technique, avec le passage du Col du Coin puis du Col à « Tutu » à 2570m D+. Les roches sombres de la Pierra Menta contrastent avec le blanc des névés qui l’entourent. Elle semble posée, là, sur la montagne ; plus je m’approche, plus elle est imposante. Puis c’est la bascule vers le gite du Presset. Au gite, nous attend le 3eme ravitaillement. Je me laisse tenter par une soupe et je reprends une barre en soufflant un peu, car derrière ce sera l’ascension du Col de Grand fond (2671 m) et surtout la longue descente technique à travers le pierrier de la Brèche de Parrozan. C’est d’ailleurs dans cette même descente que je vais chuter assez lourdement et sentir une douleur très vive au genou droit. Je suis obligé de m’arrêter, et je me sers de la neige très présente à cet endroit pour refroidir mon articulation douloureuse. Durant quelques minutes, le doute et la crainte de la blessure vont me tétaniser, mais heureusement, je repars sans trop d’encombres. Je ne force pas trop durant les 10km qui suivent, j’en profite pour gérer « au mieux » mon hydratation et mon alimentation.
Enfin, nous arrivons au Plan la Laie, le 4eme ravitaillement. Je prends un peu plus de temps, mange une soupe et une compote, masse mon genou douloureux et refait le plein de mes bidons. Je sais que Cécile m’attend à 3 km de là, au tunnel du Roc au Vent (3km pour 300m D+ tout de même). Je repars avec Jean-Claude MATHIEU du Team BANFI, nous nous croiserons régulièrement jusqu’aux crêtes des Gites.
Arrivé au Roc au Vent, Cécile est là ! Elle tient le poste médical à la sortie du tunnel (où beaucoup se feront de belles bosses).Grâce à notre frontale, on traverse, cet ouvrage titanesque de 400m en pleine roche, puis nous découvrons un panorama tout aussi impressionnant. C’est une véritable bouffée d’oxygène pour moi… je m’arrête quelques secondes, Cécile me rebooste ! Le panorama est magnifique avec une vue sur le barrage de St Guérin et sur le barrage de Roselend. On en profite pour faire un « selphie » pour les enfants.
Je continue mon chemin vers la Crète des Gites, puis entame la descente vers l’étonnant Chemin du Curé. Apres quelques averses, la température remonte et l’humidité est omniprésente. J’ai un peu de mal à trouver mon souffle. J’arrive juste devant Jean-Claude au hameau de la Gittaz en 19eme position. Je reste 2 à 3 min au ravitaillement car je souhaite arriver rapidement au Col du Joly, ce qui sera le cas. Je sais maintenant, que je suis dans le dernier tiers de la course, la partie la moins technique, mais aussi celle où il va falloir faire preuve de vitesse.
Je suis seul au ravitaillement. Les écarts entre les coureurs sont maintenant importants. Les bénévoles sont aux petits soins pour moi. On me fait le plein des bidons, me prépare une soupe et me remotive. Un autre coureur rentre dans la tente du ravitaillement, un coureur de l’équipe de trail de Marseille (c’est marqué partout sur sa tenue…). Je repars avec la « niaque », car je sais que je pars pour près de 16 km de plat.
Au bout, de 10 km, je suis pris de douleurs aux reins. Je suis contraint de ralentir, puis de m’arrêter. Le « trailleur» Marseillais me double après s’être rassuré de mon état. A la suite de quelques étirements, je repars sans trop de problèmes. Il va falloir rester vigilant jusqu’aux Saisies. Enfin, je passe les premiers télésièges, puis viennent les premiers chalets. Je reviens à la civilisation…
J’arrive aux Saisies avec Jean-Claude que je viens de retrouver dans la dernière descente avant la route bitumée. Il est accompagné de son épouse, il est dans le dur !!! Je m’assoie au ravitaillement et je mange une barre au quinoa (je continue avec ce qui me réussit). Il faut déjà repartir. Le signal de Bizanne nous attend. En bas de la pente je vois Jean-Claude qui doit bien avoir déjà 1 à 2 minutes d’avance sur moi et un groupe de coureurs un peu plus haut, à environ 5 minutes. Je pousse fort sur les bâtons en essayant de garder un rythme régulier. Les cuisses sont désormais « raides », des poteaux…Je reprends Jean-Claude avant la bascule. Maintenant, c’est la descente, et ses 1500 de D- à avaler sur 10 km. Il faut garder de la souplesse, ce qui parait impossible après plus de 90 km. Le sentier serpente en sous bois, le terrain est meuble, mais je fais attention aux racines car la vigilance n’est plus là. J’allume ma frontale, puisque même si la nuit n’est pas encore là, il fait très sombre sous les sapins.
Jean-Claude et moi allons nous croiser souvent dans cette descente, puis je vais reprendre un premier coureur qui semble ne plus pouvoir courir et quelques minutes plus tard un nouveau groupe de deux coureurs. Je sais qu’il me reste au maximum 4 ou 5 km. Je ne pense plus qu’à une chose, la ligne d’arrivée pour retrouver Cécile. J’aperçois les premiers chalets de Queige, puis je me propulse dans les petites rues avant d’arriver au stade de foot. Un passage éclair aux abords du camping, ou un bénévole m’annonce que Cécile m’attend un peu plus loin. Un dernier petit single en sous bois au sprint (du moins j’en ai l’impression…) et j’y suis ! Cécile m’accompagne quelques mètres et me laisse aux pieds de l’arche d’arrivée sous les flashs des photos.
C’est un moment magique, libératoire, qui mélange la joie d’avoir réussi à finir et déjà un peu de nostalgie car cela représente la fin d’un cycle avec tant d’heures de préparation…
Cécile et Laurence m’attendent là, on fait quelques photos, puis je me dépêche d’aller me doucher et de profiter de la présence des kinésithérapeutes et podologue qui me relaxent les jambes avant d’aller prendre une soupe bucheronne avec une bonne bière, bien méritée. Je fini donc 15eme au scratch en tout juste 18H00 (11eme sénior). Au vue de la difficulté de la course (55% d’abandon) et du plateau de coureurs relevé, je suis vraiment satisfait de ma journée.
Je tiens à remercier Laurence CARON et Romain JEAN DE DIEU (Textiles UGLOW), ainsi que Pascal BEAUDOUIN (les produits alimentaires Glutabye et Bio-Révola, très bonnes sensations sans hypoglycémie ni lourdeur digestives) pour la confiance et l’aide qu’ils m’ont apportés, Vincent VIET de terre de Running Puteaux pour ses conseils judicieux, et tout particulièrement mon épouse Cécile, qui a su me motiver même dans le dur et m’accompagner dans mon « Trip Beaufortain ».
Félicitations pour cette course et cet excellent résultat.
Merci de nous faire partager ta passion avec ce reportage très complet.
Je suis très heureux et très fier de t’accompagner dans cette aventure.
Sportivement
Pascal Beaudoin
Directeur GlutaBye et BioRevola